Sortis en 1986 et 1987 respectivement, Dragon Quest 1 et 2 sont les deux premiers jeux d’une saga considérée par beaucoup comme l’un des pères fondateurs du genre RPG. 38 ans plus tard, les deux opus font leur grand retour à travers un remake. Mais est-ce que cette remise au goût du jour rend hommage à ces jeux de légende ?
Une saga légendaire
Dragon Quest I & II HD-2D est un JRPG au tour par tour et un remake des deux premiers jeux de la célèbre licence nippone. Disponible depuis le 30 octobre 2025 sur PlayStation 5, Xbox Série X/S, Switch 2 ainsi que sur PC, le jeu est développé et édité par Square Enix, et le créateur de la licence, Yuji Horii, en est toujours aux commandes.
Avec l’aide d’Akira Toriyama pour le character design et de Koichi Sugiyama pour la musique, Yuji Horii, responsable du scénario, a donné naissance à une licence qui a posé les fondations du RPG (rien que ça !). Bien que la série ait connu des difficultés pour s’exporter à l’international durant les deux premières décennies de son existence, la saga est un phénomène sans pareil dans le pays du Soleil-Levant. Les trois premiers jeux forment la trilogie de Roto (Elric pour la France), nom donné au héros et à ses descendants au cours de ces trois aventures. Alors que le troisième volet a connu son remake l’année dernière, il est maintenant au tour des deux autres de connaître cette même joie.
Armée d’un seul homme…en HD !
Maintenant que nous avons planté le décor concernant l’histoire de la licence, il est temps de commencer le test par Dragon Quest, premier du nom. Et pourquoi ce remake comporte-t-il les deux premiers jeux ? Parce qu’à l’origine, Dragon Quest I, ou Dragon Warrior pour les plus anciens, était si court qu’on pouvait le terminer dans la journée.
On y incarnait un héros solitaire dont la mission était de sauver la princesse et de vaincre le Seigneur des Ténèbres, Lordragon.
Que ce soit dans l’open world ou dans les donjons, les combats prenaient constamment la forme d’un 1 vs 1, et notre personnage était aussi doué pour frapper que pour lancer des sorts offensifs ou de soutien.
Quels sont donc les ajouts apportés à ce premier jeu dans ce remake ? Pour commencer, le jeu est enfin disponible en français, une première puisque l’original n’était proposé qu’en japonais ou en anglais.
Ensuite, parlons des graphismes. Comme pour Dragon Quest III HD-2D, on reprend le style d’Octopath Traveler pour l’adapter à ce premier volet. Un choix judicieux, car ce modèle apporte de la profondeur tout en mettant en valeur l’aspect coloré et attrayant de la licence.
Le scénario s’est vu enrichi. D’un jeu qui pouvait se conclure en 6 à 8 heures, on passe désormais à une durée de vie d’environ 20 heures. Mais au-delà de ça, ce premier volet de la trilogie bénéficie d’un univers bien plus riche et d’échanges nettement plus fournis. Ainsi, nous en apprenons davantage sur la lignée de Roto, sur les motivations du Seigneur des Ténèbres, ou encore sur des éléments plus mineurs, comme l’origine du golem de Cantelin.
Et pour parfaire le tout, le jeu accueille désormais les peuples des elfes et des nains, absents de la version d’origine, ainsi que la recherche des sceaux nécessaires pour invoquer Rubiss, mère d’Alefgard (la Terre).
D’ailleurs, la recherche des sceaux ouvre la discussion sur la troisième grande révolution de ce premier volet : le gameplay. Si, à l’origine, le jeu proposait une difficulté plutôt correcte, le remake la rend bien plus exigeante.
Exit les combats en 1 vs 1, et bonjour les affrontements contre plusieurs monstres simultanément. C’est un changement considérable, d’autant que nous n’incarnons toujours qu’un seul héros — dans le plus grand respect du jeu de 1986 — et qu’il faut donc lui offrir plusieurs cordes à son arc pour qu’il puisse tenir le coup.
Si les sceaux permettent d’apporter des effets spéciaux — comme la récupération de points de magie à chaque garde —, il y a aussi l’enrichissement de l’éventail de sorts et d’aptitudes. Au fur et à mesure de sa progression, notre personnage peut débloquer une multitude de techniques pour parer à toutes les éventualités, comme État sauvage, Danse d’esquive ou Barrière magique.
Pour information, beaucoup de ces techniques n’étaient pas présentes dans le jeu de base.
La petite innovation, c’est que certaines de ces aptitudes peuvent désormais être trouvées sous forme de parchemins, cachés dans les coffres, bibliothèques, jarres et autres éléments interactifs du décor. Ainsi, pour améliorer notre personnage, il ne suffit plus seulement de gagner des niveaux : il faut explorer de fond en comble chaque ville et chaque donjon du jeu.
En plus des compétences, le type d’arme est désormais pris en considération. Tandis que les épées ou les haches ne peuvent frapper qu’une seule cible à la fois, un fouet peut toucher un groupe d’ennemis, et un boomerang peut atteindre l’ensemble des adversaires.
On peut donc varier les plaisirs et imaginer un set d’équipement pour explorer les donjons, puis, une fois face à un boss, sortir notre meilleure arme à cible unique afin d’optimiser nos dégâts.

Quatre héros valent mieux qu’un
Après avoir vaincu Lordragon et sauvé le monde du mal de son époque, on enchaîne avec Dragon Quest II et ses descendants. Largement considéré comme l’un des épisodes les plus punitifs de la licence par les fans, on y incarnait à l’époque trois personnages : le prince de Médiévande, le prince de Cannock et la princesse de Ruisselune.
Bien qu’on puisse maîtriser plusieurs personnages, sa difficulté se justifiait par le rôle que chacun assumait naturellement durant les combats.
Ainsi, le premier était un bourrin ne maîtrisant aucun sort, le second un personnage polyvalent capable d’attaquer physiquement et de soutenir le groupe, et la dernière une experte en magie, mais dotée d’une santé fragile.
Le constat était simple : si vous perdiez le prince de Cannock, la défaite n’était plus très loin, car il était le seul à pouvoir soigner efficacement.
Est-ce toujours le cas dans le remake ? Pas vraiment, on peut même dire qu’il est devenu plus accessible que le premier volet.
En plus de disposer de personnages bénéficiant de nouvelles aptitudes et de nouveaux sorts pour parer à toutes les éventualités, nous avons même droit à un nouveau personnage !
En effet, la princesse — et petite sœur du prince de Cannock — rejoint l’aventure et apporte un vent de fraîcheur, aussi bien grâce à ses capacités qu’à sa personnalité.
Car oui, la vraie nouveauté de cet opus est, comme pour le premier remake, l’enrichissement de son scénario. Si l’objectif reste de vaincre le Grand Prêtre Kaos, les ajouts permettent d’apporter un background particulièrement bienvenu à tous les personnages de cette petite équipe.
Le prince de Cannock manque de confiance et cherche à rendre fier son père; sa petite sœur, plus extravertie, ne comprend pas pourquoi elle ne peut pas assumer son rôle de descendante; et la princesse de Ruisselune est animée par la vengeance.
Quant au prince de Médiévande ? Comme dans tous les Dragon Quest, le héros que nous contrôlons reste muet et ses choix se limitent à « Oui » ou « Non ». Néanmoins, le scénario précise qu’il est un descendant moqué par son peuple parce qu’il ne maîtrise aucun sort, ce qui en ferait, potentiellement, un combattant « limité » pour protéger le royaume. Tous ont leur talon d’Achille, mais on prend un énorme plaisir à les voir mûrir et s’affirmer au fil des obstacles que l’on parvient à surmonter !
Pour rendre cette aventure encore plus fascinante, il faut souligner le travail de l’Orchestre symphonique de Tokyo, qui remanie merveilleusement les musiques du maître Sugiyama. La réorchestration rend le résultat encore plus émouvant lors des moments clés du jeu, comme la chute de Ruisselune ou l’amour impossible d’une sirène pour un humain.
D’ailleurs, la présence des sirènes, au même titre que celle des fées, est également un ajout inédit pour Dragon Quest II. Sur ce point, c’est l’exploration en bateau qui gagne une nouvelle dimension, puisqu’il est désormais possible de naviguer dans les profondeurs de l’océan.
De nouveaux adversaires, davantage de zones à explorer, de nouveaux donjons, une nouvelle ville et des designs envoûtants : ces ajouts viennent sublimer le jeu original pour en faire ce que tout bon Dragon Quest doit être — une ode à l’aventure.

CONCLUSION
Dragon Quest I & II HD-2D honore à la (quasi) perfection ses ancêtres ! Avec cette nouvelle mouture graphique, l’enrichissement des scénarios, l’ajout de compétences et une bande-son revisitée, le remake est une véritable cure de jouvence pour ces deux monuments du RPG.
On pourrait éventuellement chipoter sur l’absence d’un mode automatique pour les combats, qui aurait permis d’atténuer la redondance de certains affrontements. Mais pourquoi chercher la petite bête ?
C’est un remake qui vient conclure en beauté la trilogie de Roto.
NOTE FINALE : 19/20
| J’ai aimé | Je n’ai pas aimé |
| La VF dans les textes | L’absence d’un mode auto pour les combats |
| Des ajouts scénaristiques pertinents | |
| Une difficulté accrue pour DQ I et plus équilibrée pour DQ II | |
| L’ajout de peuples, villes, donjons et lieux secrets | |
| La réorchestration des musiques |

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