Chroniqueuse cinéma, jury de festival, amatrice de films d’horreur, je me devais de proposer une interview à Marine, 31 ans , qui m’a répondu avec beaucoup de spontanéité …

Bonjour Marine , et merci à toi de te rendre présente pour cette interview.
Tout d’abord, peux-tu te présenter en quelques mots?
Coucou , et merci pour cette interview , je me sens honorée. Tout d’abord pour la présentation : J’ai 31 ans au moment où cette interview sort, donc enfant des années 90, et on me décrit souvent comme une chroniqueuse de cinéma, fana de genre et spécialisée dans tout ce qui est cinéma de genre (horreur, cinéma bis,…) , mais la vérité, c’est que j’aime tout type de cinéma. Dans les films que j’aime le plus , tu peux aussi bien retrouver des films tel que Jurassic Park, mais aussi du cinéma indépendant, voir d’auteur français. J’ai participé à divers podcasts , des lives , des vidéos YouTube, j’ai écrit des articles, je suis jury de festival de genre, faisant parti de la programmation du festival de Strasbourg également, et je fais parti d’un collectif Liégois , oui car je suis Belge, qui organise chaque année le festival Offscreen . Mais retenez principalement que je suis chroniqueuse de genre. J’essaie également d’écrire, actuellement sur un court métrage , j’ai fait de la scène… Voilà dans les grandes lignes.
J’ai décidé de te solliciter pour cette interview car, comme moi, tu es une grande fan du cinéma. Comment a démarrée cette passion pour toi?
Je pense qu’il y a différents moments clés de ma vie . Tout d’abord , voir les Aristochats au cinéma. J’étais toute petite, un an tout au plus, et j’étais subjugué par l’écran face à cette rediffusion.
Il y a eu également la découverte du film West Side Story , qui est devenu l’un de mes films préférés. J’ai pu voir la comédie musicale également , et c’est vraiment à ce moment-là que je me suis dit » ok , plus tard, je veux devenir réalisatrice, c’est ce que je veux faire » . Je ne suis pas encore devenu réalisatrice, mais j’ai écrit une comédie musicale, que j’ai toujours chez moi, et qui s’inspire de films comme » Cabaret » ou encore » West Side Story « .
De base, je n’ai pas pu faire ces études car mes parents ne voulaient pas que je fasse ce métier. Du coup , j’ai fait de longues études en psychologie, et j’ai une spécialisation en psychologie des maladies cardiaques, tout ça pour rebondir sur le fait que c’est un autre membre de ma famille qui m’a inspiré au cinéma : ma grand-mère.
Celle-ci habitait à côté d’un cinéma, y allait tous les jours, et m’emmenait en permanence là-bas, ce qui m’a fait découvrir très jeune des films du monde, type Africains, Indiens… Et j’ai adoré ça. Mes parents aussi regardaient beaucoup de films, et pas forcément adaptés à mon âge à l’époque, tel que les Aliens, 6e sens, American Beauty , mais je n’étais pas choquée étant gamine. Beaucoup de monde m’a prêté des films également, ma grand-mère enregistré tout ce qui pouvait m’intéresser , beaucoup de comédies musicales justement, des années 30/50 avec Fred Aster pour ne citer que lui, et je bouffais ça. J’étais beaucoup seule étant enfant , et j’ai passé beaucoup de temps avec les pellicules.
Disney aussi a eu son effet sur moi, et je remettais en boucle les VHS. Nous avions un jeu qui était » Dans quelle cassette? » , où je donnais des indices et mes parents devaient deviner le film. Ils n’en pouvaient plus à force ! J’ai toujours adoré poser beaucoup de questions sur le cinéma, j’ai également fait beaucoup de théâtre, et je mettais déjà en scène des pièces en primaire. De là provient également mon amour de la mise en scène.

Le cinéma d’aujourd’hui est-il , selon toi, meilleur ou moins bon que par le passé? Et quelles en sont les raisons spécifiques?
Je n’aime pas dire dire que ce qui était avant est meilleur ou moins bon qu’aujourd’hui, je trouve cela faux. Exemple : certains films d’horreurs actuels, sans être des classiques, sont de belles pépites. Certains genre de films du passé ont eu leur âge d’or, comme les films d’aventure, pour les comédies musicales c’est pareil.
Pour les biopic , à l’inverse , je trouve que c’est de moins bonne qualité actuellement. J’aime beaucoup le côté artisanal et à l’ancienne cela dit que l’on retrouve dans certains films actuels. En tout cas , je n’aime pas dire que c’était mieux avant car on retrouve chaque année de belles découvertes.
J’ai cru comprendre que tu étais fan de film d’horreur , un gros point commun que nous avons donc ! Quel est le type de film d’horreur que tu préfères avant tout ?
J’aime deux types de films d’horreur, à commencer par le slasher. Je me revendique comme une fan absolue du slasher sous tout ses aspects. J’en ai bouffé un nombre considérale, que ce soit le slasher de base, le néo slasher, le méta … Les Scream, Final Girl, Detention… Et si c’est avec des adolescents , j’adore !
J’aime également les comédies horrifiques. Pas le type que serait Scary Movie, mais plutôt de l’humour bien gras dans le film d’horreur. J’ai en tête Happy birthdead, Gremlins, Tucker & Dale fightent le mal , mais encore Shaun Of The Dead.
En y réfléchissant, j’aime aussi le rape & revenge, le genre de film où la personne se venge de ses agresseurs.
Pour la petite anecdote, j’aime tellement Scream que je réfléchis à me faire tatouer Sidney Prescott avec sa phrase culte » Not In My Movie« .

J’aimerais aborder un sujet avec toi concernant le cinéma de manière générale. Avec aujourd’hui le streaming et les nombreux films qui sortent sur plate-forme sans même passer par la case cinéma, ne peut-on pas craindre une extinction à petit feu des salles de diffusion?
Je ne suis pas experte des chiffres et statistiques, mais j’espère vraiment que non, car je trouve que la salle de cinéma est vraiment importante, et je me suis rendue compte en participant à différents festivals que l’expérience collective est primordiale.
Il s’agit cela dit de deux modes de consommation qui sont différents et complémentaires . Forcément , nous sommes dans un mode de consommation différent, une société différente, le Covid est passé par-là et a favorisé le streaming . Les gens ne sortent plus comme avant, et selon la localisation , c’est parfois complexe d’avoir accès au cinéma. Habitant Liège, j’ai facilement accès aux salles, nous avons environ 5 cinémas ici, mais pour certains c’est compliqué, donc les plate-formes de streaming font leur effet à ce niveau.
En tout cas, on parlait beaucoup de cette crainte durant un temps, car on a bien vu que certains petits cinémas venaient à fermer, mais on se rend compte que les spectateurs continuent quand même à y venir, surtout pour les grosses sorties. C’était le cas dernièrement avec Dune 2 par exemple. Évidemment, les personnes qui n’allaient pas au cinéma de base continueront à rester chez elles, mais le danger serait que les grosses sorties se fassent directement sur les plate-formes de streaming sinon c’est foutu.


Toujours en lien avec le cinéma en 2024 , on a pu constater que l’on se dirigeait vers de plus en plus de numérique. Une bonne chose selon toi ou faut-il continuer à conserver les supports ? (DVD, Blu-Ray…)
Faites ce que je dis , pas ce que je fais, car personnellement , je n’ai pas beaucoup de support physique chez moi , mais je loue un maximum de films. Je ne suis pas collectionneuse de films, mais j’ai énormément de livres consacrés au cinéma. Ceci dit , je pense que c’est vraiment important de continuer de conserver les supports.
Le problème étant qu’avec l’inflation , c’est devenu cher de collectionner, mais il est possible maintenant avec la deuxième main, avec l’échange, de pouvoir alimenter sa collection en faisant des affaires, et c’est ce qui permet de perpétuer cette passion pour le cinéma.
Je ne pense pas que l’on doit continuer à aller vers le numérique, vraiment, car l’objet filmique de base peut être changé via le numérique, ce qui n’est pas le cas en physique.
On a pu le voir au travers de la cérémonie des Césars 2024 qui a eu lieu au mois de Février, cet événement est aussi bien un tremplin artistique , je pense à Raphaël Quenard principalement en disant cela, mais aussi un lieu d’expression politique profond. Penses-tu que l’on a franchi une étape cette année avec tous ces messages mis en avant?
Il y a toujours eu des messages politiques aux Césars et aux Oscars. Marlon Brando avait envoyé à l’époque une indienne récupérée son Oscar à l’époque. Cette année, j’ai mis en lien les Césars avec ceux de l’année où l’affaire Polanski a éclatée.
Il y a quelques années, on a fait en sorte de protéger les personnes toxiques et les gens étaient révoltés, alors que cette année, j’ai vraiment trouvé que l’on sortait les fantômes du placard et que l’on écoutait ce qu’il y avait à dire. Cela dit, Judith Godrèche s’est exprimée, ce qui est très bien, mais c’était très hypocrite, car celle-ci a reçue très peu de soutien après coup de la part des acteurs et a été un peu laissée « au fond du bar » après la cérémonie.
Est-ce que c’est la place de ce genre de cérémonie? Oui, car c’est un moment de grande visibilité. Oui, c’est une cérémonie artistique, mais c’est vraiment le moment où l’on peut s’exprimer dans les meilleurs conditions pour parler de ce qui ne va pas.


Tu as déjà participé à de nombreux festivals en lien avec le cinéma. Quel est celui qui t’a le plus marqué ? Et que ressent-on lorsque l’on participe à ce type d’événement?
Il y a 3 festivals qui m’ont marqués par dessus-tout, et commençons à parler par le Festival de Cannes dans un premier temps, qui était un moment incroyable.
Pourquoi c’était ma plus grande expérience? Parce que c’est LE Fucking Festival de Cannes , le rêve de tout cinéphile ! J’y suis allé dans des circonstances particulières, ce qui m’a donné accès à tous les tapis rouges, de très bonnes places, c’était incroyable.
Arrivé là-bas, je ne connais personne, je fais une collocation avec des personnes qui me sont inconnus, des acteurs, réalisateurs, j’y retrouve des personnes que je connais via Twitter, et je suis totalement sorti de ma zone de confort. J’y ai rencontré des personnes devenues importantes pour moi à présent, j’ai eu droit à des feux d’artifices, à parler avec des auteurs, me faire prendre en photo dans une magnifique robe de princesse d’une beauté resplendissante… Par contre, dès que tu peux, mange, car tu n’auras pas le temps après, et tu dors très peu car tu ne fais que regarder des films, mais ça reste une réelle et vraie expérience à faire au moins une fois. Vraiment la meilleure expérience de ma vie.

Deuxième festival , le Festival de Gerardmer. Autre ambiance, car beaucoup plus familial, avec des lieux où les gens peuvent partager avec les membres du jury, avec les acteurs, réalisateurs, donc c’est beaucoup plus accessible. Je préfère cette ambiance. Le cinéma est de genre, donc tu découvres de belles pépites, c’est plutôt calme et c’est vraiment un très bon festival. En plus de cela, ça se passe dans une station de ski, au mois de Janvier donc la neige est présente, tu manges beaucoup de fromage, et c’est chouette.
Et alors, le troisième festival que j’adore, le Festival de Strasbourg. Pourquoi? Parce que c’est le premier festival auquel j’ai été conviée en temps que membre de jury, et ce qui m’a plu , c’est que c’était sur du long métrage d’animation. Quand je te dis que Cannes, ça a été un rêve pendant 6 jours, ici, c’était un rêve pendant 10 jours. En temps que membre du jury, tu dors dans des hôtels 5 étoiles, tu manges matin/midi/soir, j’ai du prendre 10kg, j’avais des réalisateurs qui racontaient des anecdotes tel que Terry Gilliam sur Harisson Ford au restaurant, tu te dis que c’est complètement fou de vivre ça.
Être jury, c’est vraiment autre chose, on te demande ton avis, tu as des débats à faire sur les films, tu rencontres des réalisateurs facilement, tu parles avec les acteurs, pour te donner une idée, j’ai fait un karaoké avec l’équipe du film » Vincent doit mourir » , et j’ai fait de superbes rencontres, trois particulièrement, et je conseille vraiment ce festival car la programmation est très qualitative, que ce soit au niveau fantastique, de films de genre, animation , court métrage (dont je suis totalement fan). L’ambiance est vraiment bonne enfant, les bénévoles sont des crèmes , c’est vraiment le bonheur.
Maintenant, je fais parti de la programmation donc je regarde énormément de films de genre en ce moment, et c’est un très bon tremplin professionnel.
Je tiens à souligner également que j’ai été présentatrice télé du festival de Liège cette année, et c’était une superbe expérience. J’ai interviewé Franck Dubosc, Kev Adams, Valérie Lemercier, Marie Anne Chazelle qui se faisait maquiller en même temps que moi. Quelle expérience incroyable!
L’avantage de faire des festivals, que je souligne, c’est que tu retrouves toute la communauté cinéphile, des personnes que tu as déjà pu rencontrer dans d’autres festivals, et certains en deviennent des amis.



Si tu avais là tout de suite un Top 3 des films que tu recommanderais , peut importe la catégorie , quel serait-il ?
Je recommande assez souvent le film Magnolia. Je sais, c’est bateau, tout le monde l’a vu, ou du moins, très peu de personnes ne l’ont pas vu. Si vous faites parti de la communauté qui ne l’a pas vu , foncez. C’est l’un des plus beaux films chorale pour moi, sur l’humanité, sur ce que c’est d’être humain, la connexion entre les gens, le regret, le passé qui revient traumatisé. C’est le film le plus humain que j’ai pu voir.
Ensuite, si je devais continuer par un film d’horreur, ce serait Scream Girl , ou Final Girl, au choix. C’est un slasher Meta, où une jeune fille se retrouve avec ses amis projetée dans un film type Vendredi 13, colo avec un Boogeyman. C’est vraiment une réflexion sur le cinéma d’horreur, sur le slasher, pourquoi ça fonctionne ou non, comment utiliser les règles pour survivre. C’est hyper bien fait, très intelligent, le passage à l’âge adulte, les relations familiales. C’est vraiment un tout hyper intéressant.
Et le troisième film serait Better Watch Out, qui est un mix entre Maman j’ai raté l’avion et Massacre à la tronçonneuse. Non en fait peut être pas, mais disons que c’est un film de baby sitting qui se déroule à Noël , avec un home invasion et la baby sitter doit protéger un môme de 12 ans. Il y a un retournement de situation en milieu de film et celui-ci part dans tout autre chose. C’est très cruel, très drôle, une belle pépite pas assez visionnée à mon goût.



Enfin , et nous terminerons cette interview sur cette ultime question : Si tu étais un personnage de la culture geek (film,série,JV…) , lequel serais-tu et pourquoi?
Si j’étais un personnage de la culture geek… Je m’identifie à trois personnages à dire vrai.
En premier temps, niveau série, je serais Monica Geller. J’ai le côté un peu maman de mon groupe d’amis, avec cet aspect légèrement control freak, donc je me repère beaucoup dans ce personnage. Il y a aussi ce côté un peu complexé, un peu en galère, obsessionnelle à certains niveaux.
Côté film, je me retrouve beaucoup dans Hermione Granger. Quand j’étais plus jeune, je lui ressemblais beaucoup, j’ai ce côté première de la classe qui veut répondre à tout, la manière dont elle s’adresse aux gens, c’est ma façon de parler également. Quand je regarde les films Harry Potter, on se retourne vers moi pour me dire que je suis à l’écran. Par contre, je serais plus une Serdaigle qu’une Griffondor.
Et mon personnage féminin préféré dans l’horreur : Sidney Prescott. Pourquoi elle ? Parce qu’il y a peu, j’ai du me défendre face à une situation particulière, je me suis inspiré d’elle, et quand ça n’allait pas, je me disais « que ferait Sidney Prescott dans cette situation? » , le tout en écoutant les musiques de Scream. C’est vraiment un personnage qui me donne beaucoup de force, a qui je pense quand ça ne va pas et que je dois lutter. Et surtout , j’aime beaucoup son style et sa coupe de cheveux .



Merci beaucoup à toi d’avoir joué le jeu Marine pour cette interview. Je te souhaite beaucoup de belles découvertes et rencontres cinématographiques à venir.

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